Je participais dernièrement à un échange
sur face book. Des amis avaient réagi à un article « forwardé » par moi-même, relatant, avec photo à l’appui,
l’enfer des femmes du Kivu congolais.
(Lire mon article précédemment posté le 19 juin sur ce blog).
Un
ami demandait alors si quelqu’un avait une idée qui serait un début de solution.
Il était question sous cet angle de s’interroger sur ce que pourrait être le
rôle du Burundi en tant que membre du « noyau dur » de l’Afrique des
Grands Lacs. Je réagissais alors en écrivant ceci : Moi
je réfléchis sur le problème de la paix régionale Grands Lacs depuis au moins
1994. J'ai même consacré à ce thème un mémoire de géopolitique que j'ai défendu
en septembre 1999 à Paris.
Entrons alors vers les faits, dans le vif du sujet.
S’agissant
de la solution en question, une des pistes peut passer en effet par le Burundi,
à la surprise générale de la plupart des faiseurs de paix donneurs de leçons.
Notre
pays pourrait, par exemple, décider de terminer son processus de paix en
dialoguant sérieusement avec ses opposants qui ont des ailes armées dans le
Kivu voisin.
Du
coup, notre Armée et notre Police auraient l'une et l’autre des tâches
spécifiques et complémentaires, qui apportent un bol d’air inédit à ce que fait
la communauté internationale. Le moment actuel serait le mieux choisi puisque
nous sommes encore au lendemain des Accord d’Addis-Abeba (24 février 2013) et
du vote de la résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’ONU, renforçant le
mandat de la Monusco, après des années d’hypocrisie diplomatique.
Notre Armée et notre Police selon mon rêve
Plus
concrètement, notre Armée, qui reconquiert petit à petit sa respectabilité face à un peuple qui, durant quatre décennies, lui a reproché d'être au service d'un clan minoritaire à l'intérieur d'une minorité, aurait si elle conserve cette légitimation, la tâche de surveiller la frontière
frileuse qui va de Cibitoke aux confins de Cyangugu (Rwanda) et de Bukavu (RDC) à Nyanza-Lac au sud aux portes de la Tanzanie, pour la rendre imperméable par d’éventuelles
nouvelles « forces négatives ».
Notre Police, quant à elle, mieux
recentrée et aussi moins diabolisée par les adversaires naturels du régime du
Président Nkurunziza, veillerait à la sécurité interne.
En
contrepartie, cette Police aurait l’intime et civique obligation de cesser de
voir des ennemis partout lorsque ces derniers se recrutent dans le camp des
opposants au régime en place ; elle traiterait ces derniers non point des ennemis à
éliminer, mais des partenaires revendiquant le même patrimoine commun.
Tout
serait fait de sorte qu'aucune brebis perdue ne songe plus à faire la guerre en
profitant du désordre congolais pour tenter d’entraîner notre pays dans le chaos
dont rêvent nos présumés criminels impunis de notre postindépendance agitée. Il
s’agirait d’un vrai « aggiornamento ».
Le
Burundi deviendrait, en ce moment précis, un pôle régulateur, qui stabilise le
front sud du conflit kivutien. La maîtrise des facteurs de paix dans cette zone
obligerait, par effet de contagion, le Nord à jouer le jeu du compromis que j’appelle
« positiviste ».
En guise
de dividende, Bujumbura consoliderait, logiquement, son rôle de capitale neutre
et fédératrice dans la donne régionale, un avantage que seule la Tanzanie de
Nyerere et Kikwete peut lui disputer.
Sur
un plan géostratégique cependant, la capitale burundaise, donc le Burundi
lui-même, garderait son atout majeur et unique par rapport à tous les
autres.
Cet
atout, c’est celui d’être la seule capitale d’un pays de la région, à se situer
sur les rives d’un Lac, le Tanganyika, pôle d’attraction et lien entre le nord
et le sud de l’Equateur, à mi chemin de part et d’autre des deux Océans et qui
a d’ailleurs la palme d’être la deuxième réserve mondiale d’eau douce.
Bujumbura
dispose en plus d’une infrastructure portuaire et aéroportuaire ainsi qu’un
réseau de communication et de télécommunication adaptables aux exigences de la
mondialisation.
Et
les Barundi, quand on cesse de les malmener, sont un peuple accueillant d’une
grande hauteur d’esprit.
Le Burundi verrait naitre une « Genève africaine » sur son territoire
Notre
capitale deviendrait alors, par surcroit, ce que j'appelle dans mes travaux
"la Genève africaine » du sud du Sahara. Il consoliderait en tout cas
le siège diplomatique régional que les institutions internationales ont décidé d’y
installer, notamment en créant au Burundi les bureaux des envoyés spéciaux tant
de l’ONU que de l’UA, pendant que d’innombrables chancelleries se bousculent pour
ouvrir des ambassades.
Cette
"Genève-là" contribuerait à faire redécouvrir aux Barundi la fierté
patriotique historique que les 100 dernières années nous ont volée du
temps de notre grand Roi Mwezi Gisabo.
Je
veux dire la fierté d’un peuple qui a su
défendre l’intégrité de son territoire contre les esclavagistes, qui a su faire
respecter ses institutions contre les invasions ennemies. La génération de
nos
jeunes – qui ne savent plus à quels saints se vouer - apprendrait alors non
plus à se chicaner sur la base de futiles rivalités hutu-tutsi sans enjeux
comme l’ont fait les élites de la génération des génocidaires, tous groupes ethno-corporatistes
confondus.
Ils pourraient
avec nous tous commencer à mener un combat plus honorable, qui pourrait faire
de Bujumbura, l’une des capitales probables d’une certaine Afrique du futur,
qui a commencé à dessiner ses bases, quelque part chez des panafricanistes en
herbe.
[1]
Cet article se veut volontairement provocateur d’un débat. Veuillez à ne pas y manquer.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerOui Mr Déo. Je crois beaucoup, comme vous, que le Burundi peut devenir un "GENEVE-SUBSAHARIEN". Je crois qu'il s'est fait toujours sentir le besoin (malheureusement non perçu par la population) de libérer le pays de ceux qui, faute de pouvoir justifier les places qu'ils occupent ou convoitent par des qualités intrinsèques comme la compétence, se cherchent des partisans en invoquant des critères sentimentaux comme l'ethnie, la région, la religion,...et finissent toujours par plonger le pays dans le chaos espérant pouvoir surfer sur les vagues qu'ils ont eux-mêmes créées afin de tirer profit de telle situation.
RépondreSupprimerJe crois en outre que si cela doit arriver (devenir un "GENEVE-SUBSAHARIEN"), ce sera par les gens braves qui auront osé de conformer leur paroles à leurs actes.
Le tien
C'est un très beau rêve. Reste à le traduire dans des faits concrets.Malheureusement ceux qui pourrait transfomer profondement le Burundi revent d'autres choses, ceux qui revent comme toi n'ont pas les moyens,reste alors à faire rencontrer reveurs et moyenneurs mais cela n'est pas pour demain, les derniers se croyant plus importants par rapports aux premiers. L'heure est aux empires familiales plus riches que les Etats, le sens du patrimoine commun est un vain mot, mais continuons à rever car les choses pourront un jour changer
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